dimanche 17 avril 2011

Ouverture littéraire

Pour bien commencer, il nous faut des mots tout à fait particuliers.

(Et voici d’emblée une petite pause qui s’impose ! C’est-à-dire la méditation sans aucune agitation.)

Comment et où les trouver ? Il est bien connu que les premiers mots sont les plus difficiles à écrire… ici et ailleurs. Si nous étions les „je-m’en-foutistes“, peut-être cette ouverture littéraire serait-elle différente. Mais elle ne l’est pas.

(Et voici la vérité qui signale la créativité ! C’est-à-dire la fin de la méditation sans aucune agitation.)

Alors, ces premiers mots tout à fait particuliers qui vont nous servir d’ouverture littéraire, ils seront tout simplement ceux d’un grand écrivain. Et ce grand écrivain ne sera pas français (même si vous l'avez supposé), il sera un des nôtres. Et même s’il n’est pas français, il est ancré dans la littérature française. Oui. Il nous a donné de superbes traductions de Pierre Corneille, Raymond Queneau, Saint-John Perse, entre autres, il nous a beaucoup enseigné sur le Marquis de Sade, Charles Baudelaire, André Gide et sur bien d’autres écrivains dont les œuvres ne cessent d'être explorées aujourd’hui. Il a passé les dix dernières années de sa vie en France où il est devenu l’un des plus estimés et renommés écrivains des Balkans. Ses livres sont publiés en traduction française aux éditions Gallimard, Grasset, Fayard, etc. De plus, il y a des extraits de ses livres qui sont écrits directement en français - rappelons-nous seulement du dialogue entre Aventurier et Eurydice dans La Mansarde :

Govorili smo tiho, glasom koji se gubio u muzici. „Sedećemo ovde i gledaćemo kao u snu. Za mene je to, da znaš, kao neki san što mi ovde sedimocomme un rêve singulièrement profond, car il faut dormir très profondément pour rêver comme cela... Je veux dire: C'est un rêve bien connu, rêve de tout temps, long, éternel, oui être assis près de toi comme à présent, voilà l'éternité.
Poète!
reče ona. „Bourgeois, humaniste et poète ...
Je crains que nous ne soyons pas du tout et nullement comme il faut!
odgovorih. „Sans aucun égard. Nous sommes peut-être siročad života, tout simplement. “
Joli mot. Dis-moi donc … II n'aurait pas été fort difficile de rêver ce rêve-là plus tôt. C'est un peu tard que monsieur se résout à adresser la parole à son humble servante. “
Comment? C'était une phrase tout à fait indifférente, ce que j'ai dit là. Moi, tu le remarques bien, je ne parle guère le français. Pourtant, avec toi je préfère cette langue à la mienne, car pour moi, parler français, c'est parler sans parler, en quelque manière — sans responsabilité, ou comme nous parlons en rêve. Tu comprends?
A peu près. “

Oui, c’est Danilo Kiš. Le grand Danilo Kiš ! Et ce sont ses conseils précieux qui deviennent ici les premiers mots tout à fait particuliers que nous avons cherchés, ou tout simplement - L’OUVERTURE LITTÉRAIRE.

Bonne lecture !

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