mardi 19 juillet 2011

Sète au diapason des « Voix Vives »

Ville berceau des poètes, de Valéry à Brassens, Sète vibrera bientôt au diapason des « Voix Vives » de la Méditerranée. Pour la deuxième année consécutive, la ville montpelliéraine accueille du 22 au 30 juillet prochain la quatorzième édition du festival de poésie.

Ils viennent de Tunisie, d’Espagne, des Balkans, des Emirats arabes unis, d’Iran ou de ces « autres méditerranées que l‘histoire a exportées dans le monde » - l’Afrique de l’Ouest et l’OutreAtlantique notamment. Cette année, ce sont 99 artistes issus de trente-trois pays différents qui transmettront leurs textes dans leur langue d’origine, en français et même en langue des signes. Parmi eux, les plus grandes voix de la poésie contemporaine : Sapho, la marraine du festival, Salah Stétié, président d’honneur du comité international de coordination ainsi que la tunisienne Moncef Ghachem, l’espagnol Antonio Gamoneda, le libanais Abbas Baydoun, l’irakien exilé Salah Faik, l’italien Roberto Mussapi ou encore l’israélienne Tal Nitzan, connue pour son militantisme en faveur de la paix. Tout au long des huit jours du festival, près de 60 manifestations quotidiennes animeront la ville : des lectures visuelles et sonores, des récitals à la chandelle ou à bord de voiliers, des débats, des spectacles, des contes à la belle étoile, des concerts de jazz, de harpe ou de violoncelle... Les festivaliers, qui étaient 32 000 à faire honneur aux « Voix Vives » l’an passé, pourront également découvrir la chanteuse Juliette dans son « No Parano Show » ; écouter Carole Bouquet réciter les Lettres à Genica d’Antonin Artaud, Fanny Ardant, qui interprétera son adaptation de Navire Night de Marguerite Duras ou encore Arthur H, dans une lecture musicale de L’Or noir (avec des textes d’Aimé Césaire, Edouard Glissant, James Nöel, Daniel Maximin, Dany Laferrière). Enfin, en cette année marquée par les révolutions du printemps arabe, les organisateurs programment également une rencontre journalière, intitulée « Rives Sud », autour de la question suivante : « que signifie être poète aujourd’hui, dans une Méditerranée en mouvement ? »

dimanche 10 juillet 2011

Google commémore l'anniversaire de Jean de La Fontaine

A l'occasion du 390e anniversaire de la naissance de Jean de La Fontaine (le 8 juillet 2011), Google a rendu hommage au poète du XVIIe siècle par un Doodle – un petit dessin – illustrant la fable Le Lièvre et la tortue.

vendredi 8 juillet 2011

Les incertitudes spirituelles de Loti (dr Risto Lainović)

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(Le travail de recherche ci-dessous fut publié à: Zbornik radova katedre za anglistiku, Filozofski fakultet Univerziteta u Nišu, Niš, 1983, sveska III, str. 83-92)

Il y a dans Jérusalem une scène qui caractérise le sentiment essentiel qu’éprouve Pierre Loti face au divin et à l’absolu: „Contre l’olivier, mon front lassé s’appuie et se frappe. J’attends je ne sais quoi d’indéfini que je n’espère pas, - et rien ne vient à moi, et je reste le cœur fermé, sans même un instant de détente un peu douce“[1].
Ces phrases sont motivées, chez l’écrivain, par la douleur de sa foi perdue, le vide que l’événement a laissé dans son cœur, la nostalgie de cette foi, le peu de crédit qu’il conférait à la possibilité de redevenir croyant et la lassitude de sa recherche du Christ.
Il n’a effectivement cru que durant son enfance, au temps où l’absence de libre arbitre ne laissait naître en lui aucun doute, était d’innocence intellectuelle comparable à celle de ses amis les simples, qu’il enviait à cause de cela même.  Son imagination se rassasiait des merveilles que relatait la Bible, sa lecture préférée à l’époque. Il dira plus tard : „J’étais fasciné par toute cette poésie de rêve et de terreur“[2], ce qui signifie que même alors sa croyance n’était pas la simple imitation du comportement des adultes qui l’entouraient ; elle était, sinon conditionnée, du moins intensifiée par son attirance pour le bizarre et par son goût de l’artistique. L’être passionné qu’il fut, la religion l’eût peut-être porté à des actes romanesques et sublimes. Enfant, il désirait devenir pasteur[3] ; adulte, il déclarait qu’il chercherait joyeusement „la mort des missionnaires, aux avant-gardes du christianisme“, s’il avait la foi[4].