samedi 18 janvier 2014

Notes sur les POÉSIES DE STÉPHANE MALLARMÉ

- Recueil poétique publié à Bruxelles en 1899, en une édition à laquelle poète travaillait au moment de sa mort.

- Dans les premiers poèmes du recueil, composés à partir de 1860, Mallarmé dialogue avec l’œuvre de Baudelaire. Le lecteur y reconnaît aisément des thèmes baudelairiens : la malédiction pesant sur le poète (le Guignon), déchiré entre deux postulations, l’Azur, l’Idéal inaccessible et «Ici-bas» (les Fenêtres), l’Ennui (Renouveau, Brise marine), la prostituée (Une négresse, Angoisse), l’invocation à Satan (le Sonneur). Mallarmé trouve chez le poète des Fleurs du mal tout un répertoire de motifs et une écriture fondée sur les correspondances. Mais son écriture, plus elliptique et plus heurtée, obéit à une démarche plus radicale.

-Dans Hérodiade, la «Froide enfant» se détourne de l’Azur pour se replier sur son intériorité virginale et attendre l’inconnu. L’Après-midi d’un faune réduit la possession des nymphes à un rêve et une pure création esthétique, Igitur affirme enfin le Néant et proclame haut la mort de Dieu. Désormais, le poète dialogue avec le Néant. 

- Bien qu’il ambitionne de ne se consacrer désormais qu’au Livre, Mallarmé continue d’écrire, souvent poussé par les circonstances. La seconde partie du recueil se partage en plusieurs tendances. Les «Hommages» et les «Tombeaux», auxquels il faut adjoindre «Prose [pour Des Esseintes]», se fondent sur l’opposition entre le poète et la foule et affirment la contingence de la mort, qui n’empêche pas le poète de se survivre à lui-même. Le dernier sonnet du recueil assure un équilibre entre la rêve projeté sur le néant («l’antiquité amazone») et la réalité où le rêve vient sombrer (la femme de chair).

- Dans les premiers poèmes, le texte est très souvent narratif. Les étapes d’en devenir sont nettement mises en place et dans ce cadre temporel la pensée s’énonce clairement. Mais, dans les poèmes postérieurs à la crise d’Igitur, l’anecdote ou l’intertexte baudelairien cèdent le pas au tout petit rien, parfois bien prosaïque. Souvent, le poème n’est dicté que par une humble circonstance, voire fondé sur un simple geste – d’une chevelure, d’un éventail, ou de Mme Mallarmé, époussetant un miroir : le poème se déploie alors comme un commentaire gravitant autour de ce rien (→ le présent de l’indicatif est alors un temps mental).

- « Toute chose sacrée et qui veut demeurer sacrée s’enveloppe de mystère » (l’Artiste, 15 septembre 1862) – l’hermétisme mallarméen trouverait là son plus sûr fondement : fermée, l’œuvre retrouve sa nature religieuse et sacrée. Il est vrai que l’intransigeance du poète est à la mesure d’un tel projet. Cependant, le poète ne renonce pas à être lu (→ l’hermétisme est moins une interdiction faite au lecteur d’accéder au mystère qu’un élément constitutif du mystère poétique lui-même) : « Donner un sens plus pur aux mots de la tribu » (le tombeau d’Edgar Poe) ne signifie pas que l’on refuse de communiquer avec autrui, le refus, du reste, viendrait plutôt des membres de la « tribu », hésitant à se heurter aux multiples difficultés du poème (syntaxiques, sémantiques, phonétiques, rythmiques et prosodiques). 

- La poésie de Mallarmé est avant tout allusive : il s’agit de « peindre non la chose, mais l’effet qu’elle produit. »

(Source: Jean-Pierre Beaumarchais, Daniel Couty, Dictionnaire de grandes œuvres de la littérature française, Larousse-Bordas, Paris, 1998.)

1 commentaire:

  1. jacqueline salvin29 janvier 2014 à 03:06

    mon poète préféré, celui aussi de son metteur en scène avec qui j'espère à nouveau travailler!

    http://www.youtube.com/watch?v=VS00aqEuWlo

    http://www.youtube.com/watch?v=l1McoHXpbD0

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