- Recueil poétique publié à Bruxelles en 1899, en une édition à laquelle
poète travaillait au moment de sa mort.
- Dans les premiers poèmes du recueil, composés à partir de 1860, Mallarmé
dialogue avec l’œuvre de Baudelaire. Le lecteur y reconnaît aisément des thèmes
baudelairiens : la malédiction pesant sur le poète (le Guignon), déchiré entre deux postulations, l’Azur, l’Idéal
inaccessible et «Ici-bas» (les Fenêtres),
l’Ennui (Renouveau, Brise marine), la
prostituée (Une négresse, Angoisse),
l’invocation à Satan (le Sonneur).
Mallarmé trouve chez le poète des Fleurs
du mal tout un répertoire de motifs et une écriture fondée sur les
correspondances. Mais son écriture, plus elliptique et plus heurtée, obéit à
une démarche plus radicale.
-Dans Hérodiade, la «Froide
enfant» se détourne de l’Azur pour se replier sur son intériorité virginale et
attendre l’inconnu. L’Après-midi d’un
faune réduit la possession des nymphes à un rêve et une pure création esthétique,
Igitur affirme enfin le Néant et
proclame haut la mort de Dieu. Désormais, le poète dialogue avec le Néant.
- Bien qu’il ambitionne de ne se consacrer désormais qu’au Livre, Mallarmé
continue d’écrire, souvent poussé par les circonstances. La seconde partie du
recueil se partage en plusieurs tendances. Les «Hommages» et les «Tombeaux»,
auxquels il faut adjoindre «Prose [pour Des Esseintes]», se fondent sur
l’opposition entre le poète et la foule et affirment la contingence de la mort,
qui n’empêche pas le poète de se survivre à lui-même. Le dernier sonnet du
recueil assure un équilibre entre la rêve projeté sur le néant («l’antiquité
amazone») et la réalité où le rêve vient sombrer (la femme de chair).
- Dans les premiers poèmes, le texte est très souvent narratif. Les étapes
d’en devenir sont nettement mises en place et dans ce cadre temporel la pensée
s’énonce clairement. Mais, dans les poèmes postérieurs à la crise d’Igitur, l’anecdote ou l’intertexte
baudelairien cèdent le pas au tout petit rien, parfois bien prosaïque. Souvent,
le poème n’est dicté que par une humble circonstance, voire fondé sur un simple
geste – d’une chevelure, d’un éventail, ou de Mme Mallarmé, époussetant un
miroir : le poème se déploie alors comme un commentaire gravitant autour
de ce rien (→ le présent de l’indicatif est alors un temps mental).
- « Toute chose sacrée et qui veut demeurer sacrée s’enveloppe de mystère » (l’Artiste, 15 septembre 1862) – l’hermétisme
mallarméen trouverait là son plus sûr fondement : fermée, l’œuvre retrouve
sa nature religieuse et sacrée. Il est vrai que l’intransigeance du poète est à
la mesure d’un tel projet. Cependant, le poète ne renonce pas à être lu (→
l’hermétisme est moins une interdiction faite au lecteur d’accéder au mystère
qu’un élément constitutif du mystère poétique lui-même) : « Donner un sens
plus pur aux mots de la tribu » (le
tombeau d’Edgar Poe) ne signifie pas que l’on refuse de communiquer avec
autrui, le refus, du reste, viendrait plutôt des membres de la « tribu »,
hésitant à se heurter aux multiples difficultés du poème (syntaxiques,
sémantiques, phonétiques, rythmiques et prosodiques).
- La poésie de Mallarmé est avant tout allusive : il s’agit de « peindre
non la chose, mais l’effet qu’elle produit. »
(Source:
Jean-Pierre Beaumarchais, Daniel Couty, Dictionnaire de grandes œuvres de la littérature
française, Larousse-Bordas, Paris, 1998.)
mon poète préféré, celui aussi de son metteur en scène avec qui j'espère à nouveau travailler!
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=VS00aqEuWlo
http://www.youtube.com/watch?v=l1McoHXpbD0