samedi 19 novembre 2011

Notes sur LES FAUX-MONNAYEURS DE GIDE ET SON INNOVATION DE LA TECHNIQUE NARRATIVE

-Ce roman, publié partiellement dans la Nouvelle Revue française (de mars à juin 1925) et en volume chez Gallimard (la même année), constitue pour Gide une sorte de testament littéraire. Il s’agit, de l’aveu même de l’auteur, du seul „roman“ qu’il ait composé, ses ouvrages de fiction étant des „récits“ ou des „soties“.

-Gide a renouvelé le roman psychologique par la hardiesse et par la profondeur de ses analyses. Ayant publié Les Faux-monnayeurs, il a bouleversé la conception traditionnelle du roman. 

-La structure de ce roman interroge les limites du genre romanesque, anticipant les recherches du nouveau roman.

-Le Journal des Faux-monnayeurs, tenu pendant la longue élaboration du livre, précise la pensée et le dessein de l’auteur.

-„Le roman d’un roman“ est la formule lancée par le romancier Edouard au moment où il parle de l’œuvre qu’il projette sous le même titre que celle de Gide ; Les Faux-monnayeurs ne sont que le roman d’un roman en train de s’écrire. Mais l’auteur des Faux-monnayeurs réels, du livre achevé que nous lisons, s’introduit lui aussi dans le roman et, à tel moment, juge ses personnages. Ce roman est sans doute une somme sur le roman.

-Le titre est à double entente, désignant l’affaire (inspiré d’un fait divers réel) où se trouvent impliqués plusieurs personnages du livre et dont le petit Boris est la victime, mais stigmatisant tous ceux qui (moralement, esthétiquement, socialement) émettent de la fausse monnaie.

-D’après l’opinion de Gide, le roman, nécessairement voué à l’échec puisqu’il prétend restituer la complète vérité de la vie, n’est intéressant que par les problèmes techniques nés de cette tentatives.

-La structure du roman est complexe ; elle abandonne chronologie linéaire, multiplie les intrigues et les niveaux de fiction, et mêle de différents points de vue narratifs jusqu’à creuser une mise en abyme avec l’intervention de l’auteur lui-même.

-Ce roman-miroir qui reste en train de se faire et de se défaire, est le „lieu géométrique des tendances les plus hardies de l’art narratif contemporain“.

L’innovation de la technique narrative :

1. La présentation indirecte des faits
-le simple récit impersonnel est évité
-les événements ne sont jamais racontés directement par l’auteur, mais plutôt exposés sous différents angles
-la plupart de personnages assument tour à tour le rôle du narrateur
-la présentation indirecte décrit autant celui qui parle que celui dont on parle (→l’avantage)

2. La mise en abyme
-ce procédé est emprunté à la peinture où l’artiste  utilise un miroir dans lequel se réfléchit, en plus petit, la scène principale, donnant ainsi au tableau l’illusion de la profondeur ; c’est le récit dans le récit, structure d’une œuvre qui en contient une autre en abyme (une œuvre montrée à l’intérieur d’une autre qui en parle)
-le journal d’Edouard sert comme une sorte de miroir – nous avons le reflet des événements sur les personnages qui les vivent

3. Le manque de personnage principal
-la composition est très complexe et chacun est, en effet, le personnage principal

4. La renonciation à l’unité du sujet
-le récit est disloqué pour mieux ressembler au désordre de la vie

5. La position du narrateur
-il n’est pas omniprésent et il n’a pas d’influence sur l’action
-il découvre les événements en même temps que le lecteur
-Gide préfère le style à la 3ème personne parce qu’il permet une distance plus grande entre le narrateur et les personnages

(Sources diverses)

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